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L’enseignement de l’humour dans un camp de migrants en Italie

L’enseignement de l’humour dans un camp de migrants en Italie
26 octobre 2021

Il arrive souvent que l’humour parvienne à créer du lien entre des personnes qui vivent de lourdes épreuves. Car il permet de mettre une distance entre un événement difficile que nous vivons (ou avons vécu) et nous-mêmes. Matteo Andreone, cofondateur de l’Accademia Del Comico à Milan, l’a bien compris. Voilà pourquoi il a décidé d’enseigner l’humour dans un camp de migrants en Italie.

 

L’Accademia del Comico prend les devants

Matteo Andreone n’a pas été pris au sérieux le jour où il a décidé d’offrir des cours d’initiation à l’humour aux migrants du camp non loin de chez lui.

Pour voir le site de l’Accademia Del Comico

Cette académie qu’il a cofondée offre des cours de stand-up cabaret, drag ou burlesque, à Milan, Turin et Rome. Elle dispense aussi des cours en ligne pour apprendre l’écriture humoristique. Face à une crise migratoire sans précédent dans la Méditerranée, Andreone a pris une initiative : enseigner l’humour dans un camp de migrants.

 

Enseigner l’humour dans un camp de migrants en Italie

Les psychologues et travailleurs sociaux n’y croyaient pas. Ces migrants sont de pays, de religions, de cultures, de langues différentes. Leur enseigner l’humour et le théâtre en italien relevait de la folie à leurs yeux : Matteo n’aurait aucun participant. 

Et pourtant. Plus de 400 participants plus tard, venus de Syrie, d’Afrique Subsaharienne et d’ailleurs, ces personnes ont appris à se raconter. À raconter le traumatisme de celui qui quitte, de celui qui ne sait pas s’il se rendra à bon port, de celui qui risque sa vie et celle de sa famille. 

Se raconter avec humour et partager son histoire avec humour, transcendant les frontières de la langue, de la culture et de la religion, c’est la réussite de Matteo

 

Le rêve d’Énée : une tournée qui dépasse les attentes

Cette histoire s’est conclue en une tournée de plus de 40 représentations à travers l’Italie. Cette tournée a également fait l’objet d’un documentaire. Alors que les chercheurs explorent depuis plus de 20 ans les bénéfices de l’humour en communication interculturelle et dans l’apprentissage d’une langue seconde, ce projet, Le rêve d’Énée, donne une dimension contemporaine et humaine à ses résultats.

Pour entendre la communication de Matteo Andreone lors du congrès de l’Australasian Humor Studies Network (en anglais)

L’ENH fait sa part : humour et francisation

Si en Italie, l’Accademia del Comico a enseigné l’humour dans les camps de migrants, nous à l’École nationale de l’humour, nous essayons de faire notre part également. Notamment avec les cours de Humour et Francisation.

Voir la vidéo de Garihanna Jean-Louis qui témoigne de son expérience en tant qu’intervenante

En milieu scolaire et surtout dans les classes de nouveaux arrivants, l’humour peut aider les élèves à tisser du lien, s’exprimer et à améliorer l’expression écrite et orale. Il favorise et nourrit la confiance en soi. Que ce soit à travers les cours de français, dans les classes d’accueil, l’ENH accompagne ces nouveaux arrivants dans leur prise de parole, dans la création d’œuvres originales et dans l’improvisation orale. Elle participe ainsi à leur quête d’identité et d’affirmation de soi, et ce, dans un espace sécurisé.  

 

Quelques témoignages des élèves et de la professeure après les ateliers d’Humour et Francisation avec Garihanna

« Il s’est passé quelque chose pendant et après ces ateliers. Leur niveau de confiance et d’estime de soi ont augmenté, et plusieurs ont découvert des ressources personnelles qu’ils ne pensaient pas posséder. Ils ont consolidé leur lien social et se sont rapproché de l’un l’autre. Plusieurs affirment avoir vaincu leur timidité. » – Glitiana Toska, professeure titulaire – École Marguerite de Lajemmerais

« Je n’avais aucun intérêt particulier pour l’art dramatique. Lorsqu’on devait faire nos choix de cours, l’art dramatique était le dernier sur ma liste. Grâce à tes ateliers, je me suis rendue compte de la beauté de la scène. » – Xin Yu, de Han Dan, Chine

« Je me sentais un peu gêné, mais avec le temps, j’étais plus confortable. » – Kibet, de Durango, Mexique

« Le dernier atelier, était aussi mémorable. Nous avions la permission de nous chicaner, en utilisant des noms de fruits. C’était vraiment drôle. Merci Garie, pour tous ces moments inoubliables, drôles et très divertissants. » – Luis Angel, Oaxaca, Mexique